Depuis le début de la crise sanitaire, des boucs émissaires sont régulièrement désignés pour porter le chapeau d’une gestion calamiteuse du Covid. Parmi eux, « les jeunes ». Cette jeunesse dite insouciante, contaminante et irresponsables. Pour la punir, on l’a encore une fois sacrifiée à coup de culpabilisation et de restrictions. Aujourd’hui, une partie de la jeunesse a intériorisé qu’elle devait protéger ses ainés quitte à en perdre de sa vitalité. J’aimerais revenir ici sur cette stratégie de manipulation d’une génération dite « avenir » de la nation.
« Le problème c’est les jeunes, ils se croient invincibles et sont totalement irresponsables »
Vous vous rappelez de cette première vague de culpabilisation de la jeunesse durant l’été 2020 ? Ces jeunes qui organisent des rave parties de 500 personnes et ne respectent pas la fameuse distanciation sociale.
Depuis le renouveau des restrictions, les jeunes ont été parmi les premières victimes de détresse psychologique, voire suicidaire.
Mais dans ce contexte :
🔹 Quel avenir pour une jeunesse dont la crise renforce la précarité ?
🔹Quel sens donner à ces années de jeunesse quand elles doivent être sacrifiées « par solidarité », pour ceux qui ont déjà eu une vie pour en profiter ?
🔹A-t-on conscience de la culpabilité que l’on fait porter à cette jeune génération qui n’est en rien responsable de cette crise ?
Les enfants.
Les ados.
Les jeunes.
Ces jeunes remplissent le double rôle d’avenir de la nation mais également de parfait bouc-émissaire, car plus vulnérables dans une société qui déconsidère ses jeunes générations.
Alors, qu’une partie des jeunes fasse la fête clandestinement en choisissant de vivre, c’est certes illégal mais c’est totalement légitime !
Quand j’écoute la chronique de Sophia Aram sur France Inter qui fustige et ridiculise ces jeunes trentenaires « inconscients » vis à vis du contexte, je suis sidérée.
Quand je vois ces jeunes qui se suicident ou se laissent mourir à petit feu dans leur chambre étudiante, je n’ai plus les mots.
Rappelons que ces jeunes, dont je fais partie, n’ont rien connu des privilèges dont ont joui nos aînés :
✅ Le plein emploi
✅ La retraite
Nous sommes nés dans un monde assommé de crises économiques et écologiquement vivant dans un environnement détruit par l’irresponsabilité de nos parents et grands-parents.
Aujourd’hui, cette précarité est renforcée avec la crise économique et sanitaire que nous connaissons.
Pourtant, c’est grâce à la jeunesse que le pays se renouvelle, démographiquement, culturellement, philosophiquement, mais aussi politiquement.
Une jeunesse qu’on aurait dû choyer, mais qu’on a préféré écraser.
Et toi papa, si tu avais 30 ans, tu ferais quoi ?
J’ai récemment demandé à mon père, comment il aurait réagi face à la situation actuelle s’il avait eu 30 ans aujourd’hui ?
Et oui, on ne voit pas le monde de la même manière quand on a 30 ans, 60 ans ou 80 ans !
La jeunesse commence à affirmer ses revendications depuis les années 60. La génération de mes parents ont d’ailleurs été les premiers bénéficiaires de ces moments d’adolescence, de liberté et d’insouciance (Mai 68 et les années yéyé sont passées par là).
La jeunesse de 2021 a les mêmes revendications. Les générations Y et Z ont profité de cet avantage, la précarité économique et amoureuse en plus.
Aujourd’hui, lorsque la jeunesse demande à jouir de ces droits, on lui rétorque qu’il y a plus important en période de crise sanitaire.
Mais aujourd’hui, nous les jeunes, ne sommes pas impactés par ce virus. Pourquoi devrions-nous sacrifier nos vies pour ceux qui ont déjà vécu ?
Alors certes, nous sommes égoïstes, mais les générations précédentes, à qui nous payons les retraites et les pots cassés environnementaux l’a aussi été.
Ce n’est pas une guerre que je déclare, mais une demande d’empathie.
Je déploie mon énergie à faire entendre la voix de cette nouvelle génération depuis des années et dans plusieurs domaines :
– En 2016, quand jeune diplômée, j’ai subis les conséquences d’un marché du travail hostile et que j’ai adressé une vidéo en anaphore « moi jeune » au président de la République de l’époque
– Quand j’ai créé Aikido Millennials pour faire entendre la voix des jeunes aikidokas et proposer une nouvelle vision de l’aïkido, plus connectée avec les aspirations des nouvelles générations et avec les problématiques de son temps
– Quand je rassemble des communautés de jeunes entrepreneurs, autour de valeurs comme la liberté physique et financière par exemple.
Nos points de vue sont souvent influencés par notre situation personnelle. C’est d’ailleurs quand notre situation personnelle est affectée qu’il se produit des changements en nous.
Donc, je ne demande pas aux anciennes générations d’approuver notre positionnement et nos aspirations « égoïstes » de jeunes, mais simplement de les entendre, et de les comprendre.
La crème du bouc émissaire : le jeune célibataire, celui qui morfle le plus
Depuis le début de la crise, nous avons été témoins des revers de médailles des mesures restrictives. Le confinement, qui avait une vocation sanitaire, s’est finalement révélé être un gouffre économique, mais également une plaie psychologiques pour les populations fragilisées.
Et parmi les différents protagonistes, un profil morfle particulièrement : le jeune célibataire.
Parce qu’il a moins d’expérience professionnelle, il lui est plus difficile d’être compétitif sur le marché de l’emploi, et ce dans un contexte de crise économique.
Parce qu’il est en situation de précarité, il peut se retrouver dans une situation de grande difficulté financière.
Parce qu’il est célibataire, il peut se retrouver en détresse psychologique, dans une période d’isolement.
Parce qu’il vit seul, il peut également se retrouver en manque de contact physique, et
Parce qu’il est jeune, on le culpabilise et on lui fait porter le poids des contaminations.
Ce profil me touche particulièrement, parce que j’ai ressenti la culpabilité et la détresse émotionnelle en période d’isolement.Aucun soutien psychologique n’était proposé alors.Aucune possibilité de voir un ou deux proches régulièrement. Aucun contact physique pendant des mois.
Le profil jeune est généralement l’un des plus laissés pour compte dans notre société, et la gestion de la pandémie n’a fait que confirmer et aggraver sa situation.
Mais pour être plus précise, je dirais qu’il n’existe pas qu’un seul profil jeune mais deux :
✅ L’étudiant
✅ Le jeune actif
L’étudiant, qui est d’une plus jeune génération est encore plus impacté par les restrictions, lui qui, dans sa vingtaine se voit privé de sa jeunesse. Basta Mag a bien illustré dans ses articles la misère économique et sociale de ces jeunes citoyens qui ont ressenti des pensées de plus en plus noires. Un certain nombre est d’ailleurs passé à l’acte.
Le jeune actif est un peu plus âgé, plus inséré sur le marché de l’emploi, mais sa situation n’en demeure pas moins dramatique. Il a déjà eu l’impression d’incarner cette génération sacrifiée depuis des années. C’est donc une forte colère, causée par un sentiment d’incompréhension et d’injustice qui l’anime : pourquoi devrions-nous encore être sacrifiés pour sauver les anciens ? Pourquoi doit-on se soumettre à cette solidarité à sens unique sous couvert de conscience citoyenne ?
Voici donc un profil, décliné en deux générations, qui est aujourd’hui encore, un dégât collatéral des décisions venues de dinosaures d’anciens temps.
Conclusion : une jeunesse responsable, n’est pas une jeunesse qui accepte le sacrifice.
C’est une jeunesse consciente des erreurs de ses parents, qui prépare l’avenir de ses enfants, mais qui profite en vivant pleinement le présent »
Hier, j’ai eu une conversation avec ma nièce de 19 ans sur l’avenir de la jeunesse dans des temps de plus en plus incertains.
Ma nièce ressent une vraie injustice pour sa génération (Z) à qui on demande de réparer les erreurs des anciennes générations, tout en préparant l’avenir des futures générations.
Avec la crise actuelle, on demande en plus à la jeunesse de se sacrifier en arrêtant de sortir (je ne parle même pas de la précarité et de la détresse psychologique que connaissent les étudiants dont Bastamag et Cerveaux non disponibles diffusent les portraits).
Étant de la génération Y (juste avant), je vis la même situation qu’elle, même si j’ai pu en « profiter » quelques années de plus avant la crise.
Mais déjà, à mon époque :
💢 Le marché de l’emploi était saturé pour les jeunes diplômés
💢 Le réchauffement climatique était un sujet majeur
💢 Le terrorisme avaient déjà imposé une ultra-surveillance des individus
💢 Le Sida était déjà un fléau avec lequel nous avons appris à vivre.
Aujourd’hui, rajoutez cette gestion liberticide et culpabilisatrice de la crise sanitaire.
ALORS STOP.
Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur les erreurs de nos parents,
Nous devons construire l’avenir dès maintenant.
Mais sommes-nous nés pour réparer et préparer ?
Non.
Nous sommes nés pour profiter du meilleur que la vie peut nous offrir : de l’amour, des relations sociales, des rires, du lâcher-prise, des limites à challenger, mais aussi des questionnements, des réflexions et de la contemplation.
La vie est un subtile équilibre entre plaisir et responsabilités.
Nous ne vivons pas pour être responsables.
C’est parce que nous sommes responsables que nous avons le droit de vivre…dignement et pleinement !
Et comme le dit si bien le réalisateur Nicolas Bedos : « Nos aînés ont besoin de notre tendresse davantage que de nos précautions »
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